samedi 4 juin 2011

Bactérie tueuse : enfin un semblant de piste dans un restaurant – Metro

Mis à jour 04-06-2011 16:04
Un employé de l'institut vétérinaire de Hanovre tient une boîte de petri contenant la bactérie "tueuse"

Un employé de l'institut vétérinaire de Hanovre tient une boîte de petri contenant la bactérie "tueuse" Photo : Caroline Seidel/AFP/DPA

Bactérie tueuse : enfin un semblant de piste dans un restaurant

Constatant que dix-sept personnes intoxiquées par l'E.coli avaient mangé dans un même restaurant de Lübeck, au nord de l'Allemagne, les services sanitaires passent au crible ses fournisseurs...


Alors que l'on déplore peut-être une 19e victime outre-Rhin, la 20e en Europe depuis le début de l'épidémie d'E.coli entérohémorragique (Eceh), la police allemande et les enquêteurs des services sanitaires, qui continuent de traquer tous azimuts le foyer de la contagion, n'ont toujours aucune certitude, mais d'après différents journaux, samedi 4 juin, ils semblent enfin savoir dans quelle direction chercher.

Un restaurant de Lübeck sur la sellette

Selon le quotidien régional Lübecker Nachrichten, la police fluviale aurait identifié un restaurant de Lübeck spécialiste du poisson, dont pas moins de dix-sept clients ont développé des diarrhées banales ou hémorragiques et dans les cas les plus sévères, le syndrome hémolytique et urémique, une affection rénale elle aussi caractéristique des intoxications par la bactérie Escherichia coli.

Cela ne signifie pas que ce restaurant soit à l'origine de la catastrophe sanitaire, en fait il est même acquis qu'il n'en est pas directement responsable, a estimé Werner Solbach, un microbiologiste au centre médical universitaire du Shleswig-Holstein, mais à partir de ce foyer bien identifié, en remontant la chaine de distribution des aliments, il devrait être possible de déterminer comment la bactérie s'est propagée.

De fait, que ce soit dans les cuisines ou en salle, aucune trace de la bactérie n'a été détectée dans cet établissement qui avait déjà fait l'objet d'un contrôle il y a deux semaines, car l'une des premières victimes de l'épidémie y avait mangé. Comme de nouveaux cas d'intoxications se sont déclarés chez des personnes ayant fréquenté ce restaurant, une nouvelle batterie de prélèvements y a été effectuée et l'a encore lavé de tout soupçon.

Il s'agit donc désormais pour les enquêteurs de recouper les plats consommés par les malades, si tant est qu'ils s'en souviennent et puissent parler, et de toutes les façons, de passer au crible les fournisseurs du restaurant, maraîchers de la région, marchands de poissons, abattoirs de cette ville portuaire et autres livreurs.

Plusieurs pistes évoquées, y compris le terrorisme

L'affaire est loin d'être résolue pour autant, d'ailleurs d'autres journaux allemands se font l'écho de pistes différentes, ainsi le Süddeutsche Zeitung évoque un autre restaurant de Lübeck, où, des 34 femmes qui avaient participé à un séminaire syndical à la mi-mai, huit ont apparemment développé la maladie, dont une est décédée.

De même dans son édition du 4 juin, l'hebdomadaire Focus a jeté le soupçon sur une fête rassemblant un million et demi de personnes à Hambourg entre les 6 et 8 mai, soit une semaine avant le premier cas d'intoxication diagnostiqué au centre hospitalo-universitaire de la ville, alors que la période d'incubation est de trois ou quatre jours.

Autre hypothèse plus improbable et rapidement rejetée par les autorités, mais toujours relayée sur le Net et par certains médias allemands, notamment le Bild : la théorie d'une contamination intentionnelle, autrement dit d'une attaque bactériologique fomentée par exemple par al-Qaïda, dont certains soulignent que l'organisation terroriste était au moins dans le passé bien implantée à Hambourg. Dans ce même tabloïde, le ministère de l'Intérieur allemand écarte cette hypothèse, notamment parce qu'aussi virulente que puisse être cette bactérie, un groupe terroriste aurait certainement utilisé une autre souche, plus simple à "fabriquer" et bien plus meurtrière.

Concrètement, vu la concentration des victimes dans la région et le fait que les cas détectés, y compris à l'étranger, concernent toujours des patients qui y ont séjourné, la seule certitude à ce jour est que le foyer de l'épidémie se situe dans le nord de l'Allemagne, mais cela ne présume pas de l'origine de la bactérie.

Les légumes, pas plus suspects que viandes et poissons

Hier, sans les mettre totalement hors de cause, le laboratoire européen de référence en matière d'E.coli avait assuré que rien ne permet d'incriminer quelque légume que ce soit.

Basé en Italie, à l'Institut supérieur de la santé de Rome, ce laboratoire avait estimé dans un communiqué que "l'alarmisme envers la consommation des légumes est injustifié (...) car les analyses de laboratoire n'ont pas permis de soutenir l'hypothèse que des légumes contaminés étaient à l'origine de l'infection".

En tout état de cause, les mesures d'hygiène élémentaires sont plus que jamais recommandées, lavage des mains, rinçage et épluchage des légumes ou encore cuisson des aliments quels qu'ils soient...

Par ailleurs, alors que les équipes soignantes éprouvent les plus grandes difficultés à traiter cette pathologie qui frappe particulièrement les femmes, le laboratoire romain ajoutait : "pour cette infection particulière, la thérapie antibiotique n'est pas conseillée, elle peut même être contre-productive en causant une augmentation du relâchement de la toxine".

A noter enfin, si les autorités sanitaires allemandes faisaient vendredi état d'une apparente stabilisation de l'épidémie, elles ont tout de même annoncé 200 nouveaux cas ces dernières 48 heures... de quoi entretenir la peur, et au désespoir des agriculteurs, couper l'appétit...

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