mardi 21 juin 2011

Volcan Puyehue, en Argentine un village montagnard se bat contre la cendre

Villa La Angostura, village résidentiel de montagne situé au bord d’un lac idyllique, livre une bataille sans répit contre la cendre du volcan chilien Puyehue qui menace son environnement et son tourisme.

« C’est une bataille entre la population et le sable et lorsqu’on livre une bataille on ne se pose pas de questions : on se bat », dit à l’AFP le maire de ce village huppé de 14.000 habitants, Ricardo Alonso, au milieu d’un ballet de pelleteuses, de camions de pompiers et de l’armée.

« Le sable » : c’est ainsi qu’on appelle ici la cendre du Puyehue, situé de l’autre côté de la frontière à 40 km de Villa La Angostura, qui recouvre la région depuis quinze jours d’une couche épaisse de 30 cm.

« La Angostura est la ville qui a le plus souffert » depuis l’éruption du Puyehue le 4 juin, dit le maire. Quelque 400 volontaires parcourent les rues pour distribuer de l’eau et de la nourriture. Ils aident aussi à dégager la cendre des entrées des hôpitaux et des toits des maisons.

Cela ressemble à un vrai champ de bataille. Un peu plus loin ont été installées les tentes militaires du Centre des Opérations d’Urgence (COE). De l’autre côté de la frontière, au Chili, la diminution de l’activité du Puyehue a favorisé la levée dimanche de l’ordre d’évacuation et le retour chez elles de plus de 4.000 personnes déplacées.

Les quelques 5.000 habitants qui ont quitté La Angostura sont en revanche encore loin d’y retourner.

« Ici, nous sommes toujours en alerte rouge », précise le lieutenant-colonel Sergio Cristobal, du Commandement d’opérations terrestres.

« Le gris a partout remplacé le vert », déplore Alonso. C’est en noir et blanc et dans l’angoisse que ceux qui sont restés vivent ici.

Les habitants sont très inquiets de voir leurs poissons mourir dans le lac Nahuel Huapi et le fleuve Limay, asphyxiés sous une couche de cendre de jusqu’à 40 cm d’épaisseur.

Les émotions de la pêche à la mouche, l’un des points forts du tourisme haut de gamme de La Angostura, semblent lointaines.

Les experts suivent de près l’évolution de la couche de cendre qui recouvre une partie du Limay et se déplace en direction du barrage hydroélectrique d’Alicura. On ignore encore quel peut être l’effet sur les turbines.

On craint aussi l’impact de la boue accumulée sur la forêt.

« J’ai vu beaucoup de tempêtes de neige, mais jamais rien de pareil », dit Marta Cabezas, une retraitée de 57 ans. « C’est comme si des tonnes de boue étaient tombées sur nos têtes ».

« Nos sapins nous font de la peine : ils sont comme vaincus et il faut faire attention car certains peuvent s’écrouler d’un moment à l’autre », souligne cette femme.

Cette crise a surpris le village alors qu’il était fin prêt pour une nouvelle saison de sports d’hiver.

« Cette saison est perdue », lâche Maria de los Angeles Rola, 42 ans, employée dans un café fréquenté en vacances par le prince héritier des Pays-Bas, Guillaume, son épouse d’origine argentine, Maxima, et leurs filles.

« Les pelleteuses ne sont pas assez nombreuses », dit-elle, ajoutant : « Nous avons du mal à nous déplacer dans nos quartiers : où sont les politiques ? ».

En bateau ou à pied, il suffit de quitter La Angostura pour atteindre le Parc National Los Arrayanes, qui porte le nom de ces arbres magiques couleur cannelle, aux fleurs blanches, source d’inspiration du film « Bambi » de Walt Disney. Tout est dominé au loin par les sommets enneigés des Andes.

Quand va-t-on pouvoir nettoyer le village, les forêts, le lac et le fleuve ? Les habitants l’ignorent. Mais ils restent optimistes. « Cet endroit est incroyable, dit Marta Cabezas. Nous serons bientôt, de nouveau, au paradis ».

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