vendredi 27 mai 2011

Encore trop de polluants dangereux dans l'eau du robinet et l'eau en bouteille !

© C. Magdelaine / notre-planete.info
La polémique sur la qualité, et les risques potentiels pour la santé, de l'eau du robinet est en passe aujourd'hui de devenir un débat mondial, un enjeu commercial, environnemental, et une question majeure de santé publique.
Le WWF France est régulièrement interpellé sur cette question depuis plusieurs années. Il a pris la décision, à la demande de son Conseil scientifique, de faire effectuer des analyses d'eau du robinet et d'eau en bouteille. Sachant que le débat est biaisé puisque les réglementations qui définissent les critères de qualité sanitaire pour l'eau du robinet, les eaux de source et les eaux minérales sont différentes !
Cette campagne de prélèvements a été réalisée dans une cinquantaine de villes et communes rurales ainsi que sur une quinzaine d'eaux embouteillées, selon un protocole strict. Les analyses ont été effectuées par un laboratoire de référence agréé par le Ministère de la Santé.
eau potablePlusieurs types de polluants domestiques, industriels, agricoles, ont été recherchés dans cette analyse.
"Le choix des molécules a été effectué en lien avec la directive REACH, les substances prioritaires de la Directive-Cadre sur l'eau (DCE) et les molécules résiduelles des traitements de potabilisation", explique Hélène Roche, présidente du Conseil scientifique du WWF France. "Le nombre de molécules analysées est supérieur à celui habituellement retenu par les laboratoires officiels . Le nombre d'échantillons a été restreint en raison du coût élevé des analyses. Tous les échantillons ont été prélevés de manière aléatoire dans chacune des villes concernées, chez des particuliers, et dans des hôtels ou restaurants".

L'eau du robinet

En France, l'eau du robinet provient à 67 % de ressources souterraines et à 33 % de ressources superficielles (lacs, rivières...). Les eaux de surface où les risques de pollution sont souvent plus importants sont toujours traitées dans des usines de production d'eau potable. Le nombre de traitements appliqués dépend de la qualité de l'eau brute. A titre préventif, du chlore est systématiquement ajouté pour éviter toute contamination par des germes lors du transport dans les canalisations. Les traitements de l'eau visent à éliminer les éventuels micro-organismes pathogènes, les polluants et les excès de sels minéraux. Ils sont également destinés à maintenir la qualité microbiologique et physico-chimique de l'eau dans les réseaux de distribution jusqu'au robinet du consommateur.

Les eaux en bouteille

L'eau embouteillée provient à 100 % de gisements souterrains, où les teneurs en métaux et autres substances contrôlées sont inférieures aux normes de potabilité. Les eaux minérales, comme les eaux de source, sont désormais soumises aux mêmes limites de concentration que l'eau du robinet pour une dizaine de substances toxiques (fluor, arsenic, nitrates, métaux lourds...). Théoriquement, une eau contenant des nitrates peut donc être mise sur le marché tant que sa concentration est inférieure ou égale à la limite de qualité de 50 milligrammes par litre (mg/l).
L'eau de source ou minérale est mise en bouteille sans aucun traitement de désinfection biologique. Mais afin de respecter les limites réglementaires, d'autres traitements (air enrichi en ozone pour enlever le fer, le manganèse, le soufre et l'arsenic) sont autorisés.

La dégradation croissante de la qualité des eaux brutes

Les résultats obtenus révèlent la présence de très nombreux polluants dans l'eau de boisson. Ainsi 14 villes présentent au moins 6 micropolluants (Hydrocarbures aromatiques polycycliques, atrazine, aluminium, dibromochlorométhane...) dans leur eau du robinet, et des traces d'aluminium peuvent être retrouvées dans des eaux embouteillées. Ces résultats conduisent le WWF France à déplorer les insuffisances du dispositif d'analyse actuel.
Un des points qui ressort des analyses est l'inégalité de la qualité de l'eau du robinet entre villes et communes rurales, ces dernières, logiquement plus exposées aux pollutions d'origine agricoles, disposant de moyens moindres à la fois pour la surveillance et le traitement de leurs eaux.
Il est donc urgent, compte tenu de la recherche sur les « effets cocktails » liés à l'association de certaines molécules, des effets connus des perturbateurs endocriniens et de l'impact des faibles doses de polluants sur le long terme, de multiplier les analyses et de tenir compte de ces effets potentiels dans la révision des normes acceptables.
"Quelle que soit la qualité des traitements curatifs mis en place, le vrai problème est la dégradation sans fin de la qualité des eaux brutes, à laquelle il faudra bien répondre durablement", souligne Serge Orru, Directeur général du WWF France.
Agriculture industrielle, le sacrifice de l'eau : Eure et Loir, du poison dans l'eau.
© WWF France
Agriculture industrielle, le sacrifice de l'eau : Gers, un maïs arrosé d'argent public.
© WWF
Agriculture industrielle, le sacrifice de l'eau : Bretagne, le raz de marée des algues vertes.
© WWF

Vigilance sur les nouvelles molécules commercialisées

On continue en effet à commercialiser de nouvelles molécules, que l'on ne sait pas doser, et dont on ne connaît ni les produits de dégradation (métabolites), ni les effets à court et long terme.
Au vu des résultats de cette campagne, le WWF France demande un meilleur accès à l'information sur la qualité des eaux brutes, une redéfinition des critères de surveillance de l'eau du robinet et des eaux embouteillées, une réelle protection de la ressource en amont et une réforme ambitieuse de la politique agricole, gages de la bonne qualité de la ressource en eau.

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