La Pravda en anglais, Vadim Kirillov, 19 mars 2012
Jusqu'à tout récemment, du fait du manque de qualité des études statistiques, un trop grand rôle dans le grand débat entre végétariens et mangeurs de viande a été joué par une composante de rhétorique. Une étude à grande échelle, impliquant 120.000 personnes, a montré que la consommation de viande rouge réduit sensiblement l'espérance de vie.
La position végétarienne, à cause du manque de données sur les effets de santé à long terme d'un régime carné, se cantonnait souvent à un raisonnement ne semblant pas toujours scientifique et éthique. Les mangeurs de viande admettaient le tort avéré fait par la viande transformée (fumée, en conserve, lyophilisé, etc.) et les grandes quantités de graisses animales. Mais ils persistaient à préciser que les propriétés nutritives de la viande fraîchement préparée (également non prouvées scientifiquement) sont plus importantes que l'hypothétique risque futur de manger de la viande.
Une grande étude menée par un groupe de médecins de la Harvard School of Public Health, qui ont travaillé sous la direction du docteur en médecine An Pan, a révélé que les craintes des végétariens sont parfaitement fondées. La consommation de viande rouge est manifestement corrélée à un plus grand risque de décès par maladie cardio-vasculaire, certains cancers et troubles métaboliques, tandis que le remplacement de la viande de mammifères par du poisson et de la volaille diminue nettement ce risque.
Les conclusions sont publiées dans Archives of Internal Medicine, la revue de l'American Medical Association.
Pour l'analyse des effets à long terme du régime de viande, An Pan et ses collègues se sont appuyés sur une étude statistique d'une ampleur faramineuse. Au total, 37.698 hommes et 83.644 femmes ont participé à l'étude. Leur état de santé, ainsi que leur régime, a été suivi pendant 28 ans dans le second groupe, et pendant 22 ans dans le premier groupe. Dans l'intervalle, 23.926 décès ont été enregistrés dans les deux groupes étudiés : 5910 de maladie cardio-vasculaire et 9464 de cancer.
« Nous avons constaté qu'une grande consommation de viande rouge est associée à une montée significative de la mortalité due à ces maladies, et cette relation peut être retracée dans le cas des viandes transformées et fraîchement préparées, avec des corrélations plus élevées pour les transformées. En remplaçant la viande rouge par du poisson, des légumes ou de la volaille, il y avait une relation inverse : une réduction de la mortalité », ont commenté les auteurs dans les conclusions de l'étude.
L'étude a révélé que l'espérance de vie totale diminue de 13% en cas de consommation quotidienne de viande fraîchement préparée de la taille de la paume d'une main, et d'un énorme 20% en consommant quotidiennement des portions de viandes transformées, comme un hot-dog ou deux tranches de bacon. Pour les maladies devenues causes de décès dans les deux groupes, la dépendance des risques à la consommation carnée se présentait ainsi : respectivement, pour la viande fraîche et transformée, le risque de maladies cardio-vasculaires augmentait de 18% et 21%, et le cancer de 10% et 16%.
Ces chiffres peuvent être considérés comme statistiquement neutre, c'est-à-dire, indépendants de ceux de facteurs variables, comme l'âge, l'indice de masse corporelle, l'activité physique et les antécédents familiaux de maladies cardio-vasculaires et de cancer. Chose également importante, tous les membres du groupe observé étaient en bonne santé physique au début de l'étude.
Dans la deuxième partie de l'analyse, les auteurs ont évalué l'effet associé au remplacement de la viande rouge par d'autres denrées alimentaires. En cas d'élimination de la viande rouge du régime, il a été constaté que le risque de mort est diminué. Remplacer la portion journalière de viande : par du poisson, abaisse le risque de mort de 7% ; par de la volaille, de 14% ; par des noix, de 19% ; par des légumes, de 10% ; et par des céréales, de 14%.
« Nous avons aussi constaté que 9,3% des décès chez les hommes et 7,6% chez les femmes auraient pu être évités dans la période d'observation si tous les participants avaient réduit de 50% leur consommation quotidienne de viande rouge », ont résumé les chercheurs.
Autrement dit, 3500 hommes et 6000 femmes ayant participé à l'étude auraient survécu s'ils avaient réduit au moins de moitié leur consommation de viande.
Original : english.pravda.ru/society/stories/19-03-2012/120821-vegetarians-0/
Traduction copyleft de Pétrus Lombard
Notes du traducteur
Ceux qui ont lu Harter de l'énigmatique barbaque gazée se demanderont certainement, comme moi, si la viande rouge dont il est question dans l'étude ci-dessus était vraiment fraîche, et donc, si l'étude n'est pas un peu pipée sur les bords. D'une manière plus générale, il faut se demander comment se nourrissaient les participants de l'étude.
Au début des années 70, est sorti « Les aliments sont vos meilleurs remèdes », le best-seller mondial d'un médecin zunien, Henry Bieler, qui soignait ses patients sans remèdes, exclusivement avec des régimes adaptés à leur cas, composés uniquement de légumes, crus ou cuits, de bouillons de légumes, de lait, exclusivement cru, et parfois, dans les cas de graves ulcères gastriques, de levure de boulanger fraîche mélangée à de l'eau.
C'est le premier livre que j'ai lu sur cette question primordiale qu'est le rôle de l'alimentation dans la santé, avant de découvrir plus tard les préceptes alimentaires hygiénistes qui vont dans le même sens, décrits par le Dr Shelton et Albert Mosséry, entre autres. Je conseille vivement de lire l'ouvrage du Dr Bieler, il est toujours trouvable d'occasion sur Amazon, par exemple. En dispensant un savoir libérateur, il vous fait véritablement comprendre le caractère magique de la notion de remède.
Le Dr Bieler avait la réputation de soigner vraiment ses patients. Il ne faisait pas semblant en les dopant, en excitant leurs sécrétions glandulaires ou en étouffant un dérangement passager pour faire surgir quelque temps après une calamité permanente vachement plus terrible, comme c'est la mode en médecine par les temps qui courent.
Le Dr Bieler (et les hygiénistes en général) ne conseillait pas de se passer de viande rouge, mais il préconisait de la manger de préférence crue ou la moins cuite possible, et, chose extrêmement importante, de ne pas mélanger plusieurs sortes de protéines (viandes différentes, lait) au cours d'un même repas, car l'organisme est absolument incapable de les digérer simultanément. En effet, des viandes différentes ou du lait et de la viande exigent chacun pour être convenablement digéré une concentration d'acide gastrique adaptée. Selon le Dr Bieler, le mélange de plusieurs protéines au cours d'un même repas fait que certaines pourrissent sans être digérées dans les intestins, ce qui produit des toxines que l'organisme doit éliminer à tout prix, à travers la peau ou les muqueuses, par exemple.
Par-dessus le marché, toujours selon le Dr Bieler, même en ne mangeant qu'une seule sorte de protéines, il est absolument nécessaire de n'ingérer que peu de viande, car elle présente un gros problème pour le métabolisme : il résulte toujours de sa digestion des acides forts qui risquent d'acidifier l'organisme, une condition qui, à la limite, est capable de déclencher la mutation des microzymas en agents de démontage des installations (cancer en particulier), comme s'ils pensaient que leur hôte est crevé.
Pour survivre, l'organisme doit maintenir son pH globalement neutre (le pH n'est pas identique partout, le sang doit être légèrement basique). Pour cela, il neutralise les acides produits par le métabolisme normal et l'alimentation avec des bases qu'il puise, nécessairement, dans ses réserves de sels minéraux alcalins, c'est-à-dire, dans les os (d'où l'ostéoporose dans les cas extrêmes chez les femmes après la ménopause), la peau (d'où les vergetures chez les femmes déminéralisées après les couches), le substrat des cheveux et des phanères en général (d'où la calvitie, majoritairement masculine, car, jusqu'à la ménopause, le métabolisme féminin dispose d'autres voies pour évacuer périodiquement les acides). Entre parenthèses, à propos d'évacuation périodique chez les femmes, selon Mosséri, chez celles qui se plient aux préceptes hygiénistes, les règles, jamais douloureuses ou malodorantes, se résument souvent à quelques gouttes qui passent complètement inaperçues.
Savoir simplement cela fait entrevoir l'aberration du régime varié de l'Occidental moderne. En bref, manger beaucoup de viande et faire des mélanges d'aliments incompatibles engendre les toxines et l'acidité à l'origine de toute maladie.
Remarquons pour finir que, comparé à aujourd'hui, il était facile de garder la santé à l'époque du Dr Bieler. C'était vraiment le paradis. De nos jours, pour garder la santé, il faut du bon sens et être vigilant sur ce qu'on mange. Il est impératif d'éviter tout plat préparé industriel. Il est vrai que c'est très difficile avec la vie moderne. La laitière ne passe plus avec sa carriole tirée par un cheval pour distribuer des bouteilles de lait cru sur lequel nage un épais bouchon de crème. Bref, grâce au fameux progrès, la santé est surtout menacée par les aliments dénaturés : Céréales mutées (Dr Jean Seignalet), pour faciliter la récolte, pas pour le bien des consommateurs qui ne sont pas tous capables de les digérer ; OGM, de véritables armes de destructions de masse ; arbres fruitiers et végétaux hybridés, malades et carencés, pour que leurs semences ne puissent pousser au cas où, refusant d'acheter d'autres graines, des cultivateurs tenteraient de les replanter ; lait homogénéisé avec du suif de vaches (voir la grande question et sa réponse dans les commentaires à la fin), pour faire double bénéfice, après que la crème ait été ôtée pour être vendue à part ; additifs nocifs dans les plats préparés industriellement et l'eau potable, on se demande bien pour quoi faire ; produits de détail altérés par l'irradiation servant à les conserver ; produits agricoles empoisonnés par la chimie. Sans parler de la destruction de la flore intestinale bénéfique par les fameux remèdes antibiotiques ; de la cuisson aux micro-ondes avérées destructrices des nutriments essentiels (selon La Pravda et aussi le Dr Jean Seignalet) ; de la contamination généralisée aux métaux lourds... etc. etc.
Original Page: http://www.alterinfo.net/Vegetariens-contre-mangeurs-de-viande-Le-match-nul-est-termine_a73326.html
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire