lundi 4 juillet 2011

150 000 personnes dans les rues de Hong Kong sous haute surveillance


A la Une > Asie-Pacifique

150 000 personnes dans les rues de Hong Kong sous haute surveillance

LEMONDE pour Le Monde.fr | 01.07.11 | 18h18

 

Les manifestants pro-démocratie, dans les rues de Hong Kong, vendredi 1er juillet.

Les manifestants pro-démocratie, dans les rues de Hong Kong, vendredi 1er juillet.AFP/MIKE CLARKE

Hong Kong Correspondance - Les consignes de la police hongkongaise avaient été très claires : manifester, c'est d'accord, mais il faudra le faire sans bruit, sans slogans ni musique. Les contrevenants seront arrêtés, de même que ceux qui tarderont à se disperser à la fin de la marche. De mémoire de manifestants aguerris, ce serait la première fois que la police hongkongaise imposait de telles mesures, semblant d'autant plus incongrues que les Hongkongais sont dans leur immense majorité des manifestants exemplaires : calmes, ordonnés, aimables et propres…

Depuis le 1er juillet 1997, date de la rétrocession de Hong Kong à la Chine la journée est fériée. Une manifestation a systématiquement lieu l'après midi selon un parcours de plusieurs kilomètres, connu de tous. Les années calmes, la marche peut prendre des airs de promenade en ville, mais personne n'a oublié 2003, quand un demi million de personnes, presque un habitant sur dix à l'époque, sont descendues dans la rue, effrayant alors non seulement le gouvernement local mais aussi l'autorité de tutelle, Pékin.

Marc Mo, étudiant en sciences politiques en Californie, avait 11 ans en 2003. Il avait aidé son père à compter les participants. Vendredi, il marchait plein de colère vis-à-vis d'un gouvernement qui, selon lui, "ne fait qu'essayer de plaire à Pékin et n'y parvient même pas". Et d'ajouter: "Si vous voulez mon impression : les gens commencent à en avoir vraiment assez".

DÉFOULOIR

Faisant très clairement fi des instructions de la police, quelque 150.000 personnes (51.000 selon la police) ont défilé avec grand renfort de tambours en tout genre, de sifflets, de couvercles métalliques ou d'authentiques cymbales, de haut-parleurs et de mégaphones.

L'esprit de cette manifestation est depuis 1997 de réclamer la démocratie promise par la " Basic Law " ou mini-constitution de Hong Kong (selon laquelle l'ancienne colonie britannique est régie en vertu du principe de "Un pays, deux systèmes"), mais elle a aussi un rôle de défouloir de tous les mécontentements. Le cri de base des manifestants était d'ailleurs tout simplement "à bas le gouvernement". La flambée continue des prix de l'immobilier, l'aggravation des inégalités, l'indécision du gouvernement hongkongais sur la question des élections partielles et sa maladresse sur d'autres dossiers sociaux délicats, comme le traitement "injuste" des femmes enceintes chinoises continentales, ont achevé d'exaspérer le public.

Quelques heures avant le départ de la grande marche des manifestants du parc Victoria, un spectacle de danses folkloriques célébrant les "14 années de réunification" avait été organisé devant la vielle bâtisse coloniale du parlement, à Central par une organisation "pro Pékin" dont aucun des participants ne semblaient connaître le nom, pour "insister sur le bon côté de la rétrocession" selon un bénévole du service d'ordre. Malgré un grand nombre de personnes âgées amenées en bus pour meubler l'assemblée, les rangs de chaises en plastique restaient clairsemés.

Cette manifestation n'avait, elle, été soumise à aucune restriction de par, dit-on, son bon ton politique. Selon les organisateurs de la manifestation de l'après-midi, c'est l'illustration flagrante des doubles standards ou "deux poids deux mesures" que pratiquent les autorités hongkongaises. Malgré leur droit au bruit et la présence momentané du chef du gouvernement hongkongais, Donald Tsang, ce spectacle fut un flop absolu, preuve sans doute de la maturité politique du public hongkongais.

Même si on constate des arrestations plus fréquentes au cours de manifestations et une attitude moins tolérante de la police hongkongaise vis à vis des contestataires, Hong Kong tient fermement sa place et son rôle d'îlot de libertés civiques dans l'ensemble chinois.

Florence de Changy
 
sponsorisés par 
edition abonnés
  • D'accord, pas d'accord ? Réagissez aux articles du Monde.frPour réagir, devenez abonné pour seulement
    15€ /mois + 1 mois offert.Abonnez-vous

  • Pas le temps de lire cet article ? Conservez-le dans vos favoris pour le consulter plus tard.Pour en profiter, devenez abonné pour seulement
    15€ / mois + 1 mois offert.Abonnez-vous

 

View full page: www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2011/07/01/150-000-personnes-dans-les-rues-de-hong-ko...

Generated by Instapaper's Text engine, which transforms web pages for easy text reading on mobile devices.


Original Page: http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2011/07/01/150-000-personnes-dans-les-rues-de-hong-kong-sous-haute-surveillance_1543758_3216.html#xtor=RSS-3208

Sent from Feeddler RSS Reader



Envoyé de mon iPad

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire